lundi 17 mars 2025

Fabrication additive et maintenance : l'anticipation, clé du succès selon Julien Bajolet

Fabrication additive et maintenance : l'anticipation, clé du succès selon Julien Bajolet

Fabriquer des pièces de rechange à la demande ? Oui, mais pas sans anticipation !

Par Julien Bajolet, responsable soudage et fabrication additive à l’AFPMA

Parmi les promesses de l’impression 3D, il y a la possibilité de fabriquer rapidement des pièces de rechange. Mais pour beaucoup d’industriels, ce type d’applications est synonyme de déception. L’histoire est toujours la même : un équipement tombe en panne, l’entreprise a besoin d’une pièce en urgence, et elle se dit que c’est l’occasion de tester la fabrication additive. Elle se tourne vers un prestataire d’impression, mais découvre que les tarifs sont très élevés et les délais très longs, de l’ordre de la semaine. Alors elle se pose la question : mais comment font ceux qui parviennent à fabriquer des pièces de rechange à la demande, en quelques heures seulement ? La réponse tient en un mot : « anticipation ».

D’abord, il faut comprendre que si on demande à un prestataire d’imprimer une pièce cassée dont on ne dispose pas des plans, il sera difficile voire impossible de scanner la pièce. Le modèle 3D devra être reconstruit manuellement dans un logiciel de CAO, et cela prend du temps. Ensuite, ce modèle 3D devra être adapté. Parce que si on cherche à imprimer une pièce dont la forme d’origine était prévue pour être injectée ou usinée, il y a toutes les chances pour que la pièce imprimée soit décevante. Soit elle sera trop fragile, soit les surfaces seront trop rugueuses, soit le retrait des supports sera trop fastidieux. Il est donc indispensable de passer par une étape d’adaptation de la pièce. Et cela demande une vraie expertise, car le design sera différent selon le procédé. On n’applique pas les mêmes règles de conception pour du FDM, du PBF, du DED ou du Binder Jetting… Enfin, il faudra passer par l’étape de préparation de fabrication, au cours de laquelle on choisira les meilleurs paramètres de fabrication, à condition qu’ils existent pour le matériau et la machine à utiliser.

Alors quelle est la bonne méthode pour disposer d’une pièce de rechange en quelques heures ? Il s’agit de réaliser toutes ces étapes par anticipation. En commençant par définir la liste des pièces critiques. Celles qui mettent toute l’usine à l’arrêt, celles qui coûtent cher à refabriquer, celles qui prennent du temps à être approvisionnées, ou simplement celles qui cassent le plus souvent. Puis en se posant la question du matériau : par exemple, s’il s’agit d’une pièce en métal, préfère-t-on refabriquer une autre pièce en métal ou imprimer une pièce plastique en attendant la livraison de la pièce neuve ? En se posant aussi la question de l’encombrement, car s’il s’agit d’une pièce volumineuse il faudra imaginer le moyen d’imprimer la pièce en plusieurs morceaux, puis de l’assembler sans diminuer sa solidité. Et pour finir, en préparant les modèles CAO optimisés et les fichiers de fabrication correspondants.

En travaillant ainsi, en se posant les bonnes questions avant que la panne ne survienne, on pourra faire un usage efficace de la fabrication additive. Sitôt qu’une des pièces critiques viendra à casser, il suffira d’appuyer sur « Print » et la nouvelle pièce sera imprimée !

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